La Menace Fantôme rend la planète hystérique

LA GUERRE DES ETOILES - Jamais sans doute la sortie d’un film n’a excité la planète à ce point. Jamais pareille vague de ferveur, relayée par internet jusque dans les chaumières les plus reculées de La Paz ou de Perth, n’avait submergé les cinévores du monde entier avec une telle vélocité. Il se trouvera sans nul doute des esprits chagrins pour regretter ce tapage, ricaner devant ces débordements d’enthousiasme et vitupérer contre “cette manifestation tonitruante de l’impérialisme américain”. Laissons si vous le voulez bien ces tristes sires à leurs quenouilles, et célébrons le retour du mythe avec moult exubérances et force farandoles.

jeunesse du dictateur

Voilà en effet vingt-deux ans qu’est née La Guerre des Etoiles, une trilogie conçue dès le départ comme la partie médiane d’un récit initiatique. Son concepteur Georges Lucas, cloué sur un lit d’hôpital à la suite d’un accident de la route, avait découvert chez Jung et Joseph Campbell de quoi alimenter sa soif mythologique, et accoucha d’un scénario pachydermique qu’il se résolut à segmenter en plusieurs histoires. Les trois films que nous connaissons en forment la trilogie centrale. The Phantom Menace, celui qui va sortir le 19 mai aux Etats-Unis en est l’épisode fondateur. Un épisode au cours duquel le très jeune Annakin Skywalker va être séduit par “le côté obscur de la Force”, une voie toujours plus aisée à emprunter que l’autre, celle qui demande abnégation, compassion et réflexion. Edifiante métamorphose, puisque ce charmant bambin deviendra quelques années plus tard Darth Vador, le bras armé des forces du Mal qui se livrera à des génocides au nom d’idéaux fascistes, enivré par le pouvoir et étourdi par la haine.
C’est que l’univers de Georges Lucas repose sur une morale bien trempée, qui n’a pas honte de s’avouer comme telle. A la fin des années septante, toute une génération avait trouvé dans ces films des repères, des réponses à des questions qu’elle n’arrivait pas même à formuler. Vingt ans plus tard, en plein marasme idéologique, le rappel de quelques valeurs “sacrées” comme le poids d’une promesse, la noblesse d’une cause “perdue” ou la beauté d’une amitié vont sans doute inspirer quelques générations de jeunes désillusionnés.

la fièvre monte

Ces hordes d’afficionados s’apprêtent donc à communier autour ce ce nouvel opus. Certains feront le voyage aux Etats-Unis pour découvrir le film avant que tout le monde puisse leur raconter la fin. D’autres, encore plus siphonnés, font déjà la queue devant quelques cinémas du pays. La plus mythique de ces salles, le Graumann’s Chinese Theater de Los Angeles, avait vu naître la Star Wars Mania en 1977. Elle se prépare donc à célébrer la sortie de la cuvée 1999 dans la plus parfaite démence: les bénévoles qui se relaient devant cette salle depuis la fin avril ont planté leurs tentes sur le trottoir, et pianotent toute la journée sur leurs portables, dialoguant via internet avec les fans de la planète entière qui vont les rejoindre dans les jours qui viennent, répondant aux myriades de journalistes (ceux de CNN en tête), et faisant des grimaces vers la webcam qui diffuse leurs frimousses en direct, sur la Grande Toile.

Suisses à l’honneur

Trois Suisses sont montés assez haut sur le podium des fans les plus givrés. Pascal, alias TK269, Marc et Robert figurent parmi les rares humains qui possèdent des uniformes d’origine des Stormtroopers, ces soldats de l’Empire patibulaires, tout de blanc caparaçonnés. Le 29 avril, ils se sont rendus à la convention de Denver, dans le Colorado, la plus grande fête avant la sortie du film. Autant dire qu’ils y ont fait très forte impression, “bien que pointer nos pistolets laser dans la foule, après l’atroce massacre de Littletown, nous ait parfois mis mal à l’aise” nous confiait Pascal. “Nous sommes très fiers de représenter les Suisses dans ce ralliement mondial” précise-t-il dans son dernier e-mail.
Ceux d’entre vous qui restent en Suisse devront attendre septembre pour trembler devant La Menace Fantôme. Consolez-vous avec les bandes-annonces: les quatre dernières sont apparues le 3 mai sur le site officiel. Des petites merveilles.

Pascal Montjovent

starwars.countingdown.com
www.starwars.com
www.theforce.net
www.starwars-universe.com/
www.sonyclassical.com/music/61816/
www.chez.com/dv/