Cet
article fait partie d'une collection d'enquêtes/interviews/chroniques de
Pascal Montjovent parues dans divers médias et réunies ici suite
à une demande "populaire".
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Souvenirs éternels
dans des vapeurs
de mercure
Il est des objets usuels qui acquièrent avec le temps une patine, une âme qui les apparente alors à des objets d'art, dont ils se rapprochent également par leur valeur marchande. Les daguerréotypes, ces photos préhistoriques, en sont l'un des plus nobles exemples. Un superbe site web, qui fait référence tant par la qualité et l'abondance de ses illustrations que par la somme d'informations qu'il met à votre disposition, vous fournira le prétexte idéal à une longue promenade virtuelle.
Inventé en 1839 par Louis Daguerre sur la base des travaux infructueux de son collègue Nicéphore Niepce, ce procédé qui permettait de fixer pour longtemps - dans des vapeurs de mercure - des moments jusque-là fugaces, a tout de suite attiré les scientifiques, artistes et marchands des deux côtés de l'atlantique. Dans les années qui suivirent, on fixa sur sels d'argent à peu près tout et n'importe quoi, mais la magie du procédé imprégnait visiblement les hommes et les femmes qui posaient "pour l'éternité". Ils affichent des mines graves ou impassibles, et le fait qu'ils soient entretemps tous passés de vie à trépas confère à ces portraits une aura toute particulière. Les expositions du monde entier s'arrachèrent le procédé tant et si bien qu'il fut tout à la fois annobli et popularisé en un temps record. On se lançait des défis, comme celui de photographier la Lune, et les esprits les plus brillants s'attelaient à la tâche avec la certitude d'écrire une page de l'Histoire.
Le site raconte en détail toutes les péripéties qui provoquèrent et découlèrent de cette géniale invention. L'on y apprend que Monsieur Daguerre, contrairement à Méliès ou à d'autres grands esprits artistico-scientifiques de l'époque, fut toute sa vie considéré avec les égards qui lui étaient dus, et qu'il mourut paisiblement à Paris, âgé de 62 ans, entouré d'amis qui louaient sa modestie et son dévouement total à son art.
L'état français sut entrevoir l'importance de son invention et le pensionna en échange de la divulgation de son secret.
150 ans plus tard, il existe encore des artistes qui utilisent ce procédé - avec bonheur si l'on en croit les superbes exemples affichés sur le site.
Pascal Montjovent
http://www.daguerre.org