Réussir son intranet
Bon nombre de chefs dentreprises croient encore quun intranet, cest un site internet interne à lentreprise. Faux. A part lhypertexte, qui permet des liens entre les pages, tout oppose ces deux modes de communication.
La fonction dabord. Un site internet à trait aux relations publiques, au marketing, à la vente. Un intranet vise à améliorer lefficience du personnel, maximiser son accès à linformation externe et interne et réduire lamoncellement de paperasses. Si lon en croit Jacob Nielsen, lun des observateurs les plus attentifs du web, les gains de productivité sont substantiels: ayant investi 3 millions de dollars dans son intranet, Bay Networks (7000 employés) en économise chaque année 10 millions. Ce rapport coût/économie semble très répandu, quelle que soit la taille de lentreprise.
Une fois prise la décision dimplanter un intranet, encore faut-il lassumer et y accorder suffisamment de temps et de ressources humaines. Le jeu en vaut la chandelle, mais il faut savoir que les intranets sont trop souvent considérés à la légère. Il importe de savoir garder le cap. Il est fréquent de constater que les plus grandes compagnies maintiennent leurs intranets avec une équipe ridiculement sous-dimensionnée. En résultent des informations défraîchies, des liens morts et une pléthore de pages irrelevantes, ce qui décourage les utilisateurs et condamne le système à moyen terme.
Nielsen a calculé quun seul titre mal formulé fait perdre 500 dollars à une entreprise de 1000 employés (en perte de temps et dissipation). En 2001 et à léchelle de la planète, 100 milliards de dollars auront été perdus à cause de lirrespect de quelques règles de base de navigation hypertexte, estime-t-il dans un soupir. Les règles de base?
- allouer du personnel spécifique à lintranet, qui coordonnera le contenu, le design et la navigation.
- établir des standards de navigation et une charte graphique à laquelle tout le monde se tient.
- évangéliser le personnel, créer le besoin de recourir à lintranet.
La banque privée Edouard Constant de Genève a fait appel à Net Architects pour concrétiser son intranet, et le résultat est superbe. Mais il a fallu raréfier linformation disponible dans le monde réel pour pousser les employés à utiliser le réseau interne. Lacclimatation fut un succès.
Rares sont les entreprises qui accordent suffisamment dimportance à leur intranet pour y placer un monsieur Yahoo, cest-à-dire un responsable de la recherche, de la mise à disposition et de la hiérarchisation de linformation externe et interne. Cette personne détecte par exemple les demandes récurrentes de ses collègues sur internet et établit des liens directs vers les informations les plus souvent demandées. Ses tâches les plus triviales consistent à mettre à jour lannuaire interne de lentreprise, mais elle peut également créer des dossiers sur des sujets brûlants ou personnaliser les informations en fonction des utilisateurs ou des départements.
Dans tous les cas, un bon intranet devrait comporter un index, un moteur de recherche et une rubrique nouvelles.
Lindex structure le contenu du site. La hiérarchie des informations devra bien évidemment tenir compte des spécificités de lentreprise, mais lexemple de Yahoo est toujours une référence.
Le moteur de recherche est un raccourci vers linformation. Jacob Nielsen suggère de codifier les résultats en fonction de la source. Les pages officielles sont par exemple estampillées différemment que les pages émanant des employés.
Les news remplacent lessentiel des mémos, circulaires et autres newsletters qui sempilent dhabitude sur les bureaux. Les documents défraîchis de cette section devraient être archivés.
Le principal péril du prochain siècle ne sera ni nucléaire ni sectaire, mais informationnel. Dans un univers pollué de terabytes dinformations, lhomme va devoir apprendre à développer des systèmes complexes pour optimiser son accès aux renseignements quil cherche. La société genevoise xo3, qui gère lintranet du département de médecine interne de lHôpital Universitaire de Genève, sest inspiré dun système qui fait ses preuves depuis deux millions dannées: la cellule vivante. En dotant les informations dattributs biologiques (longévité, symbiose, dépendance, etc.), ils créent ce quon pourrait appeler des tissus organiques intelligents, qui se développent et apprennent deux-mêmes. Cest sans aucun doute lune des meilleures solutions davenir.
Pascal Montjovent
www.netarchitects.ch
www.xo3.com
www.useit.com