Domptez vos proxies

Le proxy, contrairement à ce que son nom barbare peut laisser présager, a été conçu pour vous faciliter la vie. Et comme tout ce qui facilite la vie, en informatique, passe par une période de complications ébouriffantes, entrons de suite dans le vif du sujet: nous allons parler latence, serveurs, cache et http.
Vous êtes encore là? Bon.
La latence, c’est le temps nécessaire pour démarrer ou arrêter quelque chose. Parler est une activité à latence faible - quoiqu’il soit difficile de faire taire certains une fois qu’ils sont lancés - tandis que s’envoler en avion suppose une latence importante: check-in, embarquement, mise en piste, décollage exigent un temps considérable. Toute proportion gardée, réquisitionner l’affichage d’une page web est une activité à forte latence: interroger un serveur distant, découper des fichiers en petits morceaux, les numéroter, les acheminer et les recomposer sur votre écran n’est pas une mince affaire. Si 800 internautes suisses demandent la même page sur un serveur canadien, ledit serveur enchaînera 800 fois la même procédure, et enverra 800 fois le contenu de la page à travers l’Atlantique. Alors qu’un serveur suisse pourrait demander cette page une fois, la stocker et l’envoyer sur demande aux internautes suisses sans engorger le trafic transatlantique. C’est le propre d’une serveur proxy: un glouton doté d’une puissante mémoire “cache”, qui stocke toutes les pages demandées et les expédie fissa lorsqu’une seconde demande est formulée. Le gain de temps est assez spectaculaire, surtout pour la consultation de sites très fréquentés. Il est réduit à presque rien sur les sites confidentiels, comme la homepage de votre cousin danois.
Cependant, plus que du temps, le proxy fait fondre le cholestérol du web, c’est-à-dire la bande passante nécessaire à faire transiter les informations sur la Grande Toile, déjà passablement engorgée. Utiliser un proxy, c’est donc faire preuve de civisme.
Autre avantage, non négligeable pour les administrateurs de parcs informatiques d’entreprises, le proxy permet aux employés un accès rapide et sécurisé à leurs pages préférées, derrière le mur “coupe-feu” (le firewall) qui protège les données informatiques des curieux et des hackers.
Cette consultation “en différé” du web a bien sûr un désavantage: les pages affichées datent en général de quelques heures, et quelques heures sur internet peuvent vous dégager une forte odeur de moisi. Aymon Terrizzano, ingénieur de vente chez PSINET, acquiesce. “La fréquence de rafraîchissement des pages est réglable, et il est vrai que certains providers se soucient peu de ce détail. L’utilisation des proxy nous a servi dans un premier temps pour économiser de la bande passante. Aujourd’hui nous n’avons plus recours à ce procédé. Notre bande passante a augmenté de beaucoup, et les proxies ne s’imposent plus. D’autant plus que c’est un maillon additionnel à surveiller dans la chaîne du transit d’informations, et donc aussi une possibilité supplémentaire de panne.”
Nous voici donc au coeur du problème: à vous de voir dans quelle mesure le proxy de votre provider vous facilite la vie ou vous contrarie au plus haut point. Le tout est de ne pas subir toute votre vie d’internaute un préréglage de vos “préférences” qui vous ferait perdre, à raison d’une seconde par page, la bagatelle de 25 heures par an.

Concrètement:

Téléphonez à votre provider, demandez-lui s’il utilise les proxies, et si oui de vous communiquer “l’adresse et le numéro du port”. N’ayez pas peur du ridicule, votre interlocuteur comprendra. Ces infos sont en général trouvables sur le site web de votre fournisseur d’accès.
Vous trouverez dans le panneau “préférences” ou “options” de votre navigateur (Netscape ou Explorer) un chapitre “proxy”, en général dans la rubrique Connection. Vous cliquez sur la case “connection par un serveur proxy” et vous cliquez sur “paramètres” pour régler les... paramètres. Pour le commun de mortels, seul le proxy http est relevant. C’est dans ces cases que vous entrez l’adresse et le numéro du port.
Vous voilà paré. Naviguez une demi-heure avec proxy et une demi-heure sans, jugez quel réglage vous fait ganer du temps, et adaptez vos préférences en conséquence.

Pascal Montjovent